La Cité olympique et le stade de Colombes

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Article d’Éric Monnin, vice-président de l'université de Franche-Comté à l’Olympisme


Initialement le Comte Jean de Castellane, en tant que membre du Conseil municipal de Paris, propose à la Ville de Paris, en 1921, de construire un stade olympique à Paris de 80 000 places, et deux emplacements pour les sports nautiques et les sports de combat d’environ 15 000 places.

Mésentente entre le CIO et le Conseil municipal de Paris

Les séances du Conseil municipal de Paris des 11 et 12 mars 1922 confirment la délibération du 13 juillet 1921 et notamment dans son Article 1er qui stipule :

« Le Stade Pershing et les terrains avoisinants sont mis définitivement à la disposition du Comité Olympique pour l’organisation des Jeux en 1924, à condition que ledit Comité ait fait connaître son acceptation dans le mois qui suivra la présente délibération » (Rapport officiel de la VIIIe Olympiade, vol. 1, p. 60).

Le Comité olympique français, déçu de cette décision, valide tout de même la mise à disposition du stade Pershing pour conserver la bonne entente avec la Ville de Paris.

Un « Concours architectural des stades olympiques » lancé par le Comité olympique français (COF) avait été remporté le 3 février 1922, parmi les onze architectes invités, par l’architecte Louis Faure-Dujarric (membre du RCF et ancien sportif).

Mais suite aux délibération du Conseil municipal de Paris le mois suivant, le projet sera abandonné.

Projet de Louis Faure-Dujarric qui remporte le concours olympique du stade olympique © Rapport officiel de la VIIIe Olympiade, vol. 1, p. 44. 

Plus tard Coubertin reviendra sur cet épisode :

« […] Aucun des emplacements envisagés n’eût eu mes préférences. Il y en avait un autre en plein Paris qui présentait de bien plus grands avantages. Devant l’École Militaire, au Champ de Mars, la disparition de la fameuse « Galerie des machines » de 1889 laissait libre une vaste esplanade dont le sort sans doute était fixé et sur laquelle on ne construirait plus d’édifice permanent afin de laisser libre une des plus belles perspectives parisiennes. Mais en disposer pour la brève période des Jeux Olympiques ne préjugeait rien. À ce moment, l’École Militaire, avec ses immenses bâtiments, ses espaces, ses cours, était quasi inoccupée. J’étais allé la revoir pour vérifier les dispositions et les dimensions. Quel « quartier d’athlètes » ne pouvait-on pas installer là ! La dépense eût été diminuée dans de considérables proportions, sans compter que nulle part les transports n’étaient plus faciles à compléter : tramways, métros, bateaux, tout était à portée. De quelque côté qu’on l’envisageât, cette solution surpassait toutes les autres, mais il n’appartenait pas au C.I.O. d’intervenir et d’en saisir l’opinion. Je m’efforçai de la recommander officieusement sans y réussir » (Pierre de Coubertin, Mémoires olympiques, Lausanne, Bureau international de pédagogie sportive, 1931 p. 177).

Le Parc olympique de Colombes

Face aux tracasseries administratives et les mésententes avec la Ville de Paris, le Racing club de France (RCF) propose de mettre à disposition un terrain de 16 hectares du Domaine sportif de Colombes (ancien champ de courses hippiques appartenant à M. Bloch-Levallois) pour ériger le stade olympique et recevoir les épreuves d’athlétisme sur une piste de 500 mètres, de rugby et de football, ainsi que les cérémonies officielles. Un stade de tennis, de 10 000 places, un stade nautique, un stade d’entraînement et le village olympique sont également envisagés.

Finalement, le RCF, présidé par Pierre Gillou, et le Comité national des sports, présidé par le Comte Justinien de Clary et le RCF, signent, le 21 juillet 1922, une convention de mise à disposition du terrain appartenant au RCF pour construire la Cité olympique comprenant notamment le stade olympique.

L’architecte Louis Faure-Dujarric « […]  fort de ses expériences personnelles, de ses connaissances professionnelles et de la bonne entente de son club, imagina le plan, le fit accepter et dont l’exécution fut réglée sous la forme du contrat, signé par les deux parties, le 21 juillet 1922 » (Rapport officiel de la VIIIe Olympiade, vol. 1, p. 46).

En bordure du Parc olympique se trouve le village olympique. L’avenue centrale du village est baptisée Pierre de Coubertin.

Chaque délégation doit payer un prix de pension qui donne accès au village et au repas. « Chaque habitation était pourvue de chambres meublées à trois lits. Des lavabos à eau courante, des douches, des salles de restaurant avaient été prévus. En outre, les services généraux comprenaient : un service de garde des objets de valeur, un bureau de change, un service de blanchissage, un salon de coiffeur, un kiosque à journaux, etc. l’administration des P. T. T. avait installé un bureau de poste » (Rapport officiel de la VIIIe Olympiade, vol. 1, p. 60).

 

 

Plan du stade de Colombes © Rapport officiel de la VIIIe Olympiade, vol. 1, p. 51. Clarifier droits de diffusion

 

Crédits images :

Le stade de Colombes, le lendemain du premier match de rugby des VIIIe Jeux Olympiques, photographie de presse, Agence Rol, 5 mai 1924 ©Gallica/BnF

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